JEAN-CHRISTOPHE GUÉRIN
Qui êtes-vous ? Que faites-vous ?
Je suis Jean Christophe GUERIN, j'ai 45 ans, et je suis déjà dans le bain professionnel du voyage depuis plus de 20 ans. J’ai fait mes "armes" au sein d'Atalante à la fin des années 90 pour devenir associé au sein de ce groupe d'agences engagées. J'ai pratiqué divers métiers et fonctions, tant dans l'univers du trek que du sur-mesure en prenant la direction de Continents Insolites. Après un break en famille autour du monde, j'ai co-créé avec des amis une agence sur mesure qui regroupe des consultants indépendants qui se nomme Lookingforcharly. Également, j'ai co fondé avec un ami un festival de voyage, Quais du Départ, qui s'oriente de plus en plus vers le voyage engagé, et relate les grands enjeux de cette transition, à la fois écologique et sociale.
Puis j’ai eu l'opportunité de reprendre Vie Sauvage, une agence reconnue dans le domaine du Safari depuis plus de 20 ans. J'ai donc récupéré cette agence en 2019, avec pour ambition de prolonger son expertise des voyages nature sur les autres continents, donc l'Europe, et d'en faire une agence de référence dans le domaine de la sensibilisation et la protection de la biodiversité.
Vie Sauvage a été créée en 1996 par Christian Abily, passionné de Nature et d'Afrique. Nous sommes aujourd'hui une petite dizaine de permanents, conseillers et experts en safari sur mesure. Nous proposons quelque 200 suggestions d'itinéraires et la majorité de nos voyageurs se rendent sur le continent Africain, la Tanzanie étant notre première destination. Nous proposons néanmoins de plus en plus de voyages sur les autres continents. Nous restons centrés, de par la marque Vie sauvage, sur l'observation de la nature et du monde sauvage, ce qui nous laisse une liberté de territoire immense à explorer et mettre en évidence.
Je suis curieux et j'aime toucher un peu à tout, tant dans le travail que dans mes passions : escalade, VTT, rando, ski etc... Je me passionne comme, je l'espère, de plus en plus de monde pour notre planète en transition qui a besoin que l’on change nos habitudes, réapprendre l'essentiel, être imaginatif, devenir plus frugal... Concrètement je suis engagé dans un collectif citoyen qui a créé un jardin partagé en ville, véritable laboratoire en permaculture.
Que représente pour vous le tourisme responsable (en général) ?
Je connais ATR depuis la genèse de l'association. Le tourisme responsable définit un tourisme où les acteurs (du client aux guides locaux, en incluant toute la chaîne) ont conscience des enjeux de leur activité et tente de minimiser leur impact environnemental, social et économique. Il y a trop de terme autour de ces questions ce qui manque de lisibilité pour le voyageur, la priorité semble pour moi la notion d'actions concrètes, à la dimension la plus locale pour chacun puisse agir à son échelle (client, agence, réceptifs, acteurs du terrain, etc.)
Le tourisme responsable me semble une juste promesse, celle d'acteurs qui prennent tout leur part de responsabilité et donc d'action pour minimiser l'impact du tourisme, et pourquoi pas, espérons-le, le rendre positif. Cela concerne tant le voyageur que l'ensemble des personnes qui sont amené à œuvrer au fil d'une expérience de voyage : transporteurs, hôteliers, guides, agences locale ou tour opérateur etc. Il y a quelque chose de plus opérationnel que de parler de tourisme durable, d'écotourisme ; qui sont bien souvent des notions trop théoriques.
Pour moi l'intention de fédérer est bonne, les voyageurs ont besoin de structure et de label clairement identifiés pour les sensibiliser aux choix de leur voyage.
Comment agir pour un tourisme responsable ?
Nous sommes au début du chemin, mais dans les actions les plus concrètes, nous finançons de longue date des projets autour de la préservation de la biodiversité, en particulier avec les associations ASPAS et Sea Sheperd.
Je souhaite que nous menions un plan exigeant d'application du tourisme responsable en interne. La période inédite du Covid-19 nous impacte mais elle nous pousse à accélérer ces transformations. Je souhaite notamment réduire l'impact carbone de notre activité de TO en France, nous devrions basculer durablement dans le télétravail et le partage d'espace de bureau pour réduire notre empreinte en immobilier et déplacement. Nous passons également en process paperless, objectif zéro papier émis jusqu'au départ voyageur. Et bien évidemment, Vie Sauvage travail sur les critères ATR : engagement d'audit auprès de nos fournisseurs principaux, évaluation carbone des voyages avec participation des voyageurs (je souhaite que ce soit réglé par les clients pour qu'ils aient conscience des coûts et des actions menées).
D’après-vous, quelles vont être les conséquences du Covid 19 ? Sur la profession ? Sur le monde du tourisme et des TO ?
Voyager moins souvent plus longtemps...C'est une intention forte, je suis convaincu que la croissance du voyage en volume de passagers et du toujours moins cher n'a pas de sens ni d'avenir. Si chacun prend sa part, il doit réfléchir à une stratégie d'activité pérenne dans ce contexte de réduction probable et durable de l'activité : Comment faire mieux avec moins ? La crise actuelle est un excellent stimulateur du changement !
Nous engageons des réflexions sur la production à venir... L'Afrique n'est pas un continent simple pour les alternatives d'accès en transport et promouvoir le voyage de longue durée lorsqu'on propose spécifiquement des safaris à la logistique très coûteuse... Mais on se doit d'y réfléchir et expérimenter des idées…
Le voyage et vous
Quel est votre meilleur souvenir de voyage ? (Une émotion, une sensation, une rencontre ?)
J'ai évidemment été comblé par de nombreux voyages durant ces 20 dernières années et le rêve d'un tour du monde en famille a été réalisé il y a peu... des milliers de souvenirs qui se bonifient avec le temps et que nous prenons plaisir à rouvrir en piochant dans nos différentes expériences et escales...
Un souvenir marquant ? l'ascension en famille d'un "petit" sommet à 5500 m dans la vallée de l'Everest, dans le brouillard le plus complet pour voir le ciel s'ouvrir sur les plus hauts sommets de la terre une fois arrivés au cairn sommital...
Quel est votre voyage de vos rêves ou votre prochain voyage ?
Mais il reste bien sur d'autres rêves ! !... Rejoindre à nouveau Ushuaïa, mais cette fois sans avion et par voie terrestre en partant de la maison (quelques jonctions maritimes à l'étude dans le détroit de Béring...), et un vieux rêve d'ados, bercé par les récits du premier Vendée globe challenge, de prendre la mer pour un voyage au long cours en découvrant le monde par la mer...