LIONEL HABASQUE
Qui êtes-vous ? Que faites-vous ?
Je m’appelle Lionel Habasque, j’ai 58 ans et je suis PDG de Terres d’Aventure ainsi que le directeur général du groupe Voyageur du Monde. Au départ, c’est un projet d’amis passionnés de voyage car nous travaillions auparavant dans le monde de la finance. Puis, il y a 20 ans, nous avons décidé de monter le groupe Voyageur du Monde ensemble. Nous nous sommes lancés dans le monde du voyage, en reprenant toutes les marques qui sont dans la galaxie Voyageur du Monde.
Concernant mes passions, nous travaillons ensemble depuis plus de 30 ans, ce qu’on a construit ensemble, c’est déjà une passion en tant que tel, sinon je suis passionné de théâtre et d’opéra.
Terres d’Aventure est une entreprise qui regroupent 180 personnes, nous faisons à peu près 80 millions de chiffre d’affaire. Années après années, nous sommes les leaders sur le marché du trekking et de la randonnée en France depuis plus de 40 ans. Nous avons été également le premier tour d’opérateur en France à proposer des voyages d’aventures organisés sous forme de randonnée et de trekking. La singularité de l’entreprise est le niveau de service et de prestations plus haut de gamme que la moyenne de autres concurrents. De plus, depuis une dizaine d’années, nous proposons aussi des voyages à vélo.
Pourquoi avoir adhéré à ATR ?
Tout d’abord, nous sommes à l’initiative avec d’autre TO de la mise en place d’ATR et de son label. Au départ, l’association était tournée vers le tourisme d’aventure, et les membres fondateurs regroupés ont les mêmes valeurs. Nous voulions donc en premier, partager nos connaissances. En deuxième, au lieu d’être concurrent, il était plus avantageux pour nous de partager des règles communes. Et en troisième, avec la mise en place du label, le but était de promouvoir le tourisme durable et responsable au travers d’un label identifié et certifié.
Que représente pour vous le tourisme responsable (en général) ?
Dans un premier temps, avant de voir ce qu’on est capable d’organiser dans les pays ou vis-à-vis de nos clients, c’est déjà se regarder soi-même, et de vérifier si au sein de son entreprise, nous sommes en accord avec ces valeurs.
Chez Terres d’Aventures et toutes les autres marques du groupe, nous sommes très attentifs. Depuis plus de 20 ans, on a mis en place un « système d’intéressement avec participation ». Nous distribuons donc chaque année, 30% de nos résultats à tous nos salariés, c’est un réel partage des richesses en interne, plus les salaires sont bas, plus ces personnes touchent d’avantage que les autres. Sur l’aspect environnemental, nous avons mis en place un système de compensation carbone de nos clients à nos frais, sur nos marges et sur nos résultats depuis 10 ans.
Dans un deuxième temps, nous sommes dans une démarche relationnelle envers nos prestataires à l’étranger, il faut que l’on soit le plus juste possible : les payer en temps et en heure (et dans le métier du voyage, ce n’est pas commun malheureusement) ; les rémunérés sous forme de virement pour éviter à nos prestataires et à Voyageur du Monde de payer certaines taxes locales ; et s’assurer que le traitement des salariés de nos réceptifs sur place soit juste ainsi que toutes les mesures de la préservation de notre environnement soient respectées.
C’est une manière assez simple de pouvoir valider un service au travers d’une certification et d’un audit externe, ainsi que de s’assurer que toutes les mesures expliqués sur le papier, soient appliquées correctement.
Le label ATR couvrait très peu l’empreinte carbone, maintenant il commence à le faire petit à petit mais pas assez, ce n’est pas assez radicale. Chez Voyageur du Monde, nous sommes à 100% et ATR est encore très loin en termes de recommandation. Puis, vis-à-vis des salariés des Tour-opérateurs membres d’ATR, il devrait avoir une exigence sur la répartition des richesses, malheureusement, nous sommes les seuls à faire cela.
Comment agir pour un tourisme responsable ?
La principale et la plus forte : c’est l’absorption du carbone de nos clients et de nos salariés, c’est la mesure phare. La deuxième pratique que nous sommes en train de mettre en place, c’est de passer au zéro plastique sur les voyages des clients.
En faisant comme tout le monde, je n’utilise plus de plastique dans l’entreprise, on a tous une gourde, on fait le tri des papiers et le tri sélectif. Nous faisons aussi attention à consommer le moins possible de chauffage et de clim, par exemple durant l’été, elle ne fonctionne pas toute la journée, c’est seulement quand il fait trop chaud, et qu’à partir de 10h30 jusqu’à 17h30.
Avec la crise du covid, les gens seront beaucoup plus attentifs à leur empreinte environnementale et à leur empreinte écologique. Ils voyageront peut-être moins souvent, plus longtemps et plus localement.
D’après-vous, quelles vont être les conséquences du Covid 19 ? Sur la profession ? Sur le monde du tourisme et des TO ?
Le tourisme est touché de plein fouet, et nous pensons que cela ne va pas repartir très vite. Nous allons mettre deux ou trois ans à retrouver la situation de 2019, cela ne va pas repartir comme avant.
Nous pensons que la crise va favoriser le type de voyage qui tourne autour de l’activité que nous développons : activité nature, voyage lent. On est dans le cœur des futurs voyages, les voyages que nous proposons sont des réelles alternatives au covid : trekking, randonnée, vélo.
Le voyage et vous
Quel est votre meilleur souvenir de voyage ? (Une émotion, une sensation, une rencontre ?)
Dans tous les voyages que j’ai pu faire, je considère qu’il y a toujours quelques choses à en tirer, qu’il se passe bien ou mal. Mais j’aime bien particulièrement les voyages en Afrique noir et dans les déserts.
Quel est votre voyage de vos rêves ou votre prochain voyage ?
Ce n’est pas un voyage de rêve mais c’est un voyage que j’ai dû décaler, je devais aller au pôle nord en autonomie en pulka avec un guide.
Ma photo de voyage : Massif de Marseilleveyre, Provence-Alpes-Côte d’Azur, France
