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ANNICK PELLERIN

Qui êtes-vous ? Que faites-vous ?

J’ai commencé à travailler pour une société d’incentive spécialisée sur les destinations Egypte et Israël Mon intérêt pour les compagnies aériennes m’ont conduit à envoyer des candidatures spontanées à plusieurs d’entre elles. J’ai intégré Air Inter en 1983 où j’ai occupé plusieurs fonctions à : l’exploitation, le cargo, les services commerciaux, la distribution. J’étais responsable de l’agence des Invalides au moment de la fusion entre Air Inter et Air France. J’ai bénéficié d’une création de poste au sein de la vente directe d’Air France, pour optimiser et développer la vente des prestations complémentaires au transport : hébergement, TO, loueurs de voitures, assureurs, etc. L’objectif était de développer les ventes de ces activités dans le but de dégager des revenus additionnels, et également pour diversifier notre activité et attirer notre clientèle sur des produits complémentaires au transport. Mon parcours a toujours été orienté vers des fonctions commerciales ou marketing opérationnel (events, incentive …). Actuellement en charge des ventes loisirs, nous adressons les TO, les groupistes et les sociétés d’incentive du marché français, d’où ma présence au forum du SETO.

J’aime naturellement voyager, en évitant la foule. Je reste généralement en France l’été pour partager des moments avec mes proches. Cependant, je voyage depuis longtemps en autre avec mon fils hors de France. Nous avons commencé chaque année par un deal entre nous : découvrir une ville européenne. Quand il a commencé à être plus grand, nous réservions seulement un billet d’avion et la première nuit d’hôtel. Ensuite, on se déplaçait dans le pays sans réservation préalable pour s’inscrire au maximum dans un environnement local. Au départ, je prends évidemment des guides touristiques comme tout le monde pour se renseigner un minimum sur la destination. Un exemple de voyage, mon séjour en Argentine. Je n’avais pas envie de visiter les plus grands sites comme les chutes d’Iguazú, nous avons donc décidé de visiter les régions du nord jusqu’à la frontière avec le Chili au départ de Salta. Ce type de voyage nous a plutôt bien réussis parce que l’on a toujours rencontré des gens atypiques, eu des contacts avec des personnes, sans a priori et sans attendre autre chose que le moment de la rencontre et de l’échange spontanée. Cependant, il faut toujours bien intégrer les spécificités du pays, évidemment respecter la religion et la culture.

Mes autres occupations (pas très originale…) : je bouquine, j’aime aller au cinéma juste côté de chez moi, je suis assez éclectique : j’assiste aussi bien à un concert de jazz, qu’à un concert classique, de même pour les spectacles, cela peut aller de l’opéra à ballet contemporain. Au niveau culturel, musées, vernissages, conférences …

On connaît tous le métier d’Air France et ses principales caractéristiques mais je pense que la singularité d’Air France est sa représentation à l’international. C’est une marque forte, qui incarne les valeurs de la France à l’étranger et plutôt positionnée haut de gamme. Elle propose un réseau important, Air France est sur tous les continents excepté l’Australie en vol direct. Elle se montre très réactive dans plein de domaines (digital…), nos campagnes de communication sont très qualitatives et peuvent être surprenantes. Cependant, comme dans tous les grands groupes, il existe toujours une certaine lourdeur.

Dans le cadre du développement durable, il y a eu un gros travail en interne fait par la direction du développement durable et des actions concrètes que nous essayons de décliner chacun dans nos domaines.

Une journée d’information a été mis en place auprès du personnel avec la participation de la société Double Sens dont les fondateurs sont venus présenter leur offre, leur ADN et la pertinence d’un tourisme responsable. Cette opération a eu lieu dans nos locaux à Roissy et à Montreuil.

Que représente pour vous le tourisme responsable (en général) ?

Pour moi, il y a deux choses :

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  • Participer au développement local : c’est donc s’adapter à tout ce qui est environnement local et écosystème : manger des produits locaux, participer à l’économie locale et contribuer à une production locale. Aider la population à vivre, voire à survivre, même si en tant que voyageur ces actions restent toutefois éphémères.

  • Être responsable : cela se traduit par le respect de la culture, de la religion, des sites visités, la propreté des endroits.

Comme tout label, celui d'ATR a le mérite de réunir et fédérer des personnes afin d’adopter les bons réflexes, gestes et comportements en faveur d’un pays, d’une population, d’une société (au sens large). Cela permet de renforcer la responsabilité individuelle.

Comment agir pour un tourisme responsable ? 

Déjà à Air France, nous œuvrons depuis plusieurs années pour réduire notre empreinte carbone, nous développons ces démarches au travers de différentes actions concrètes (renouvellement de la flotte, et des équipements à bord, biocarburant, véhicules électriques sur la piste …), nous y associons de plus en plus nos clients en leur proposant de compenser leurs trajets.

Nous avons une fondation : Fondation Air France qui accompagne des enfants en difficultés par des actions de formation, d’éducation, de culture. C’est un acte de responsabilité sociale de l’entreprise. Il s’inscrit également dans une démarche déclinable à titre individuel.

Nous sommes également engagés depuis plusieurs décennies en qualité de partenaire au sein de l’association Acting for life (développement économique, soutien à des petits producteurs, insertion …). Cela permet à des gens en interne et en externe, d’avoir une vision du « voyager autrement » en pleine immersion avec la population locale. L’entreprise a aussi porté en France la campagne sur le tourisme sexuel.

Déjà par des gestes simples que je partage avec mon entourage professionnel comme éteindre les lumières inutiles, fermer les robinets d’eau correctement, faire tri sélectif chez moi et dans l’entreprise.

En matière de management, je vais essayer, pas seulement pour un problème économique mais lors de réunions d’équipes, de privilégier des choses simples, si on doit se réunir et déjeuner ensemble : pas de restaurant, mais plutôt un repas où on partage des plats réalisés par chacun. Cela crée de la convivialité entre nous et du partage, cela privilégie la rencontre. Je partage avec mon équipe l’idée que nous sommes tous porteurs professionnellement et personnellement d’une responsabilité sociétale.

Concernant mon activité professionnelle, j’ai pris conscience que nous pouvions chacun à notre niveau, décliner les actions fortes portées par la direction du développement durable.

Nous avons par exemple consacré un budget commun avec l’un de nos partenaires : le groupe Salaün Holidays afin de participer à de la reforestation à Madagascar.

Nous organisons également des workshops avec plusieurs acteurs du tourisme (Voyageurs du Monde, Kuoni, Club Med, les maisons du Voyages, Salaün Holidays, Luxitania, …) dans nos locaux pour sensibiliser les collaborateurs de l’entreprise de façon à voyager plus responsable.

Pour plus d'informations :

Je me dis que cette situation que nous traversons est inédite. On a tâtonné beaucoup pour savoir comment aborder cette période qui nous a forcé à repenser nos modèles.

C’est une révolution sociale et culturelle.

Concernant les clients, il y a une tranche de la population qui va se poser des questions sur leur façon de voyager. Il va peut-être y avoir une certaine prise de conscience : « Je vais aller dans des endroits, moins sollicités en apportant une aide car nous pouvons partager nos expertises, en France ou à l’étranger ? » ; « Ne va-t-on pas vers une société qui est plus tournée vers le troc et vers l’échange ? Et donc penser la société différemment ? ». Le comportement du voyageur… dans son quotidien de citoyen va changer.

Et d’autres pas du tout, certains sont dans le consumérisme et je pense même que cela va les faire accélérer car ils se seront censurés d’achat obsessionnel ou compulsif pendant quelques mois, ils vont donc consommer de plus belle et pas fatalement différemment.

Cependant, autour de moi, les gens se posent des questions au point de se dire : est-ce qu’on ne va pas remettre en cause, notre mode de fonctionnement, nos habitudes ? Est-ce que ce changement n’est pas bénéfique ? car le télétravail apporte de nouvelles choses, comme partager certains moments privilégiés avec sa famille, et l’on contacte des envies d’habitat plus vert. Tout simplement, redonner un vrai sens à nos vies !

D’après-vous, quelles vont être les conséquences du Covid 19 ? Sur la profession ? Sur le monde du tourisme et des TO ?

Air France va renforcer ses démarches en matière de DD, et les contreparties écologiques sur le « plan de soutien d’Air France », va l’accélérer. Les objectifs sont ambitieux. Cela va peut-être être difficile à atteindre parce que c’est sur une période courte, malgré les outils dont l’entreprise se dote.

On a aussi beaucoup travaillé sur nos approches, sur l’équipement à bord, en termes de déchet, réduction le Co² etc. Depuis peu, le gouvernement milite pour la réduction des vols domestiques de moins de 2H30, c’est un vrai sujet.

Au-delà du court-courrier je pense que cette période va avoir un impact sur les autres destinations, ce n’est pas évident au-delà  du covid, on va devoir revoir notre modèle de façon différente sur tous types de vols. Nous devrons faire des choix de programme, ce sont des décisions stratégiques et complexes.

Dans chacune de nos activités nous allons devoir nous adapter en interne mais aussi avec nos clients, s’accompagner conjointement dans la reprise.

Aujourd’hui, les TO se reportent sur des destinations moins lointaines parce que la réalité économique fait que la saison d’été 2020 ne va pas être facile. Mais je suis interrogative sur l’après…  Est-ce pour résoudre un modèle économique en cas de crise ? ou Cela va-t-il s’inscrire dans le temps et devenir leur modèle de production ? Est-ce quelque chose de durable ? ou Est-ce incontournable pour avoir des solutions pour passer cette période-là ? Je suis un peu dubitative…

Notre modèle économique est unique en Europe et le modèle distribution n’a rien à voir avec d’autres marchés. Nous l’avions déjà vu avec la chute de Thomas Cook et cela a été confirmé avec la crise du covid : la distribution possède le paiement des clients et les TO sont payés après que les clients soient partis, donc il y a déjà un déséquilibre économique qu’il va falloir régler. Ce problème est en permanence sur la table au forum du SETO.

Allons-nous vers un marché plus consolidé ? Allons-nous vers des modèles économiques plus vertueux et des démarches plus responsables ? Le tourisme responsable est un gadget ou un réel engagement ?

Est-ce que la période covid va accélérer une solidarité ? Je ne sais pas, je voudrai y croire mais parfois j’en doute.

Le voyage et vous

Quel est votre meilleur souvenir de voyage ? (Une émotion, une sensation, une rencontre ?)

L’Argentine ! On est partis un peu le nez au vent, on a passé quelques jours à Buenos Aires, puis nous sommes allés jusqu’à Salta et nous avons loué une voiture dans cette région. Et là, nous nous sommes retrouvés pendant 4h après un moment unique aux salinas grandes, en plein milieu de nulle part. Nous avons rencontré des troupeaux de lamas et quelques personnes qui vivent humblement et immensément généreux avec beaucoup dignité. C’est toujours ce qui me surprend dans certains pays… on en a beaucoup à apprendre.

C’est toujours ce qui me surprend dans certains pays, même plus pauvres, il y a une forte dignité présente … On a beaucoup à apprendre.

Quel est votre voyage de vos rêves ou votre prochain voyage ?

L’Éthiopie et le Bouthan. Le Bouthan m’évoque la sérénité, le calme et l’introspection. Ou sinon j’aimerais bien passer quelques jours dans un ashram en Inde, s’introspecter un peu … j’ai envie de ça en ce moment.

Ma photo de voyage : Jujuy à la frontière de l’Argentine et du Chili. Echange avec un éleveur et producteur local

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