JEAN-FRANÇOIS RIAL
Qui êtes-vous ? Que faites-vous ?
Pour mon premier voyage, j'ai opté pour la Chine à l’âge de 18 ans, un voyage au cours duquel je développe mon goût de la rencontre et des autres cultures. Passionné de mathématiques et d'histoire-géographie, je sors diplômé en statistiques. Après un début de carrière en tant que Directeur Général chez FININFO (Diffuseur Français d'Informations Financières et Commerciales), je trouve ma véritable voie en 1991 lors d’un voyage à travers le Sahara. En 1992, je reprends le petit voyagiste Désert puis en 1996, épaulé de mes quatre amis, Alain Capestan, Lionel Habasque, Loïc Minvielle et Fréderic Moulin, je prends la direction de Voyageurs du Monde. Je suis également vice-président du SETO (Syndicat des Entreprises du Tour-Operating), Président du Refettorio Paris, un projet imaginé par Food for Soul offrant aux sans-abris et aux réfugiés des repas concoctés par des grands chefs et Administrateur de France Terre d’Asile. Écologiste engagé, je dirige ainsi une entreprise citoyenne, concrètement engagée pour un tourisme responsable.
Voyageurs du Monde propose un mode de voyage 100% sur-mesure, permettant à chacun de créer son propre itinéraire et ses propres expériences, le tout pour un coût adapté à différents budgets. Vérité, esthétisme, originalité, responsabilité sont les maîtres mots de l’entreprise. Elle mise sur l’expertise de ses 200 conseillers, spécialisés par pays, mais aussi par régions, pour composer des expériences ultra personnalisées à travers plus de 150 destinations – dont la France depuis 2019. Leur créativité est relayée sur place par un réseau local de concierges francophones au service des voyageurs. Adaptables à tout instant selon l’envie et le budget, ces expériences sont agrémentées d’un éventail de services haut de gamme. L’entreprise et représentée à travers 17 agences réparties entre la France (13), La Suisse (1), la Belgique (1) et le Canada (2). Voyageurs du Monde est propriétaire d’hébergements d’exception, dont le Steam Ship Sudan, vapeur centenaire naviguant sur le Nil et la Satyagraha House, maison de Johannesburg dans laquelle vécut Gandhi. L’entreprise est également représentée à l’internationale par ses filiales (Maroc, Égypte, Grèce, Islande, Brésil, Angleterre, Canada). Engagé pour l’environnement, Voyageurs du Monde assure la neutralité carbone sur la totalité des voyages effectués à ses côtés.
Que représente pour vous le tourisme responsable (en général) ?
Continuer à visiter le monde en étant plus respectueux des habitants, des lieux et de la planète. Engagé depuis plus de dix ans dans la lutte contre le réchauffement climatique, Voyageurs du Monde absorbe aujourd’hui la totalité des émissions de CO2 liées aux déplacements (dans les airs mais aussi sur terre) de ses voyageurs grâce à de grands projets de reforestation à travers le monde. L’entreprise atteint également la neutralité carbone sur l’ensemble des déplacements de ses salariés. Voyageurs du Monde a choisi le camp de l’action par la reforestation. Chaque jour, près de 2700 arbres sont plantés, soit environ 1 000 000 arbres par an (l’action combinée des marques du groupe Voyageurs du Monde atteint les 7400 arbres par jour, soit 2,7 millions d’arbres par an).
Nous pouvons tous être fiers du label ATR car il fait partie intrinsèque de notre ADN et incarne nos valeurs depuis de nombreuses années. ATR encourage le développement d’un tourisme qualitatif et responsable, il favorise une répartition plus juste des retombées économiques entre tous les acteurs du voyage et respecte et valorise le patrimoine culturel et naturel.
Comment agir pour un tourisme responsable ?
Via notre Fondation d’entreprise Insolites Bâtisseurs Philippe Romero, Voyageurs du Monde lutte contre le réchauffement climatique et finançant sur le long terme des programmes forestiers pérennes, qui impliquent les populations des zones forestières. Au Sénégal, en Inde, en Indonésie, nous participons à des projets de restauration de la mangrove – forêt entre terre et mer, elle protège de l’érosion, elle est indispensable au cycle de vie des poissons. Au Pérou, nous contribuons à la préservation de la forêt amazonienne. L’enjeu : préserver 300 000 hectares de forêt primaire menacés et assurer des revenus durables aux communautés villageoises par l’exploitation raisonnée des ressources forestières.
L’aide aux migrants : Qu’ils fuient la guerre, les conflits, les discriminations, la misère, ou les conséquences du réchauffement climatique, les exilés ont droit à un accueil digne. La Fondation consacre 15 % de son budget à soutenir les acteurs associatifs de terrain qui œuvrent à leur côté, pour leur sauvetage en mer, leur prise en charge sanitaire et psychologique, leur mise à l’abri et leur hébergement, leur intégration.
Le mécénat : Depuis 10 ans, Insolite Bâtisseur Philippe Romero soutient des associations qui œuvrent au développement économique et social, et à la préservation des ressources naturelles des pays les plus défavorisés. Au fil des années, la Fondation a développé des liens privilégiés avec associations et ONG ; elle a soutenu une centaine de projets en Afrique, au Proche-Orient, en Asie et en Amérique du Sud, dans une trentaine de pays.
Chez Voyageurs du Monde nous avons le souci de la « responsabilité sociale ». Ainsi, un tiers des bénéfices sont reversés aux salariés chaque année (sous forme d’intéressement, participation et bonus).
À son niveau, le secteur du voyage subira la mise en place de taxes écologiques diverses, comme des taxes sur la biodiversité et sur les réserves naturelles. Ce sera une véritable taxe carbone conséquente, calculée sur les émissions liées aux déplacements, qui pourrait être collectée comme une TVA. L’impact de ces taxes conduira forcément à renchérir les prix et poussera les voyageurs à partir moins souvent et plus longtemps. La baisse des prix continue dans ce métier, observée depuis 25 ans, va donc cesser. L’époque des voyages à prix toujours plus bas, réservés au dernier moment, la multiplication des séjours courts et des City breaks semble bien en passe d’être révolue. Comme dans l’agriculture, le vrai prix doit être payé, quitte à rétrécir le marché et à ce que le consommateur s’impose des nouveaux arbitrages dans son budget. Ainsi le tourisme va s’insérer dans la transition écologique des pays qui ne pourront plus continuer à détruire leurs écosystèmes. Fini les dommages infligés aux parcs naturels pour édifier des complexes hôteliers, terminés les paquebots de 5000 passagers qui polluent les écosystèmes marins. À long terme, l’ensemble de ces décisions politiques amènera le tourisme à se transformer. Voyager doit devenir un acte qui respecte les écosystèmes et les populations locales. Il n’est plus possible d’observer, d’une part, le tourisme et, de l’autre, le tourisme responsable. L’ensemble de l’activité doit être en phase avec la planète
D’après-vous, quelles vont être les conséquences du Covid 19 ? Sur la profession ? Sur le monde du tourisme et des TO ?
Face à la gravité de la crise sanitaire mondiale, le secteur du tourisme vit une situation exceptionnelle. L’incertitude, dans un métier qui nécessite d’y voir clair longtemps à l’avance, est terrible. Ensuite, la pandémie affecte tous les pays, que cela concerne la capacité de générer des touristes que celle d’en recevoir. La sortie de crise très complexe est à entrevoir. Cela nécessite bien sûr que chaque pays (de départ ou de destination) ait retrouvé un état sanitaire stable. À cela s’ajoute la nécessité d’avoir sur place une logistique et des infrastructures qui fonctionnent à nouveau, c’est-à-dire un retour à la normale pour les compagnies aériennes, l’hôtellerie, la restauration, et les lieux culturels. Il va y avoir une première phase, où nous allons devoir cohabiter avec le virus, qui va durer de quelques mois à quelques années, dans laquelle le tourisme va énormément tourner au ralenti. Il y aura ensuite une deuxième phase dans laquelle l’épidémie sera terminée, quelle que soit la raison : un vaccin par exemple. À ce moment-là, tout pourrait repartir comme avant.
Une certitude demeure : cette terrible épreuve du Covid-19 n’emportera pas notre envie de voyager. Cette crise va transformer les mentalités et les façons de parcourir le monde. Il est à espérer que les voyageurs voyageront de manière plus responsable et plus écologique. Le tourisme post Covid-19 ne peut plus espérer survivre sans se réinventer.
Le voyage et vous
Quel est votre meilleur souvenir de voyage ? (Une émotion, une sensation, une rencontre ?)
Musique : Positive Vibration - Bob Marley.
Mon plus grand souvenir de voyage est la traversée en solo d'un mois du désert Algérien.
Quel est votre voyage de vos rêves ou votre prochain voyage ?
Aller au Japon 3 semaines en dehors de tous les spots touristiques.
Ma photo de voyage : Bateau à vapeur Steam Ship Surdan sur le Nil, Egypte
Découvrez ses différents portraits :
L'Echo Touristique : Comment les Français (re)voyageront, selon Jean-François Rial
Tourmag : " Il faut repenser notre façon de penser... il faut tout changer! "
Conférence TEDx : Les vertus de la bienveillance : Jean-François Rial